Mos Def – The Ecstatic

Rapide récap pour ceux qui auraient loupé le rap US durant ces dix dernières années :
Mos Def est un artiste majeur du rap américain qui a démarré sur le label Rawkus. Son flow hors norme et son sens de la prose ont apporté un vent frais dans le hip hop. Auteur du légendaire « Black on both sides » en 1999, Dante Smith (vrai nom du rappeur) est atteint du syndrôme du « premier album chef d’oeuvre », tout comme Nas. Avec un premier album acclamé par toutes les critiques, la suite du parcours discographique de Mos Def n’a jamais atteint le niveau de ses débuts : « The New Danger » n’était pas exceptionnel et « Tru3 Magic », un véritable foutage du gueule. Nul besoin d’en dire plus pour décrire l’attente portée sur chaque nouvel album par toute une communauté de fans.

La raison de ce post est donc liée à la sortie du nouvel album du natif de Brooklyn, intitulé « The Ecstatic » et annoncé depuis moultes mois (au festival Rock The Bells en octobre 2008, Mos lui-même en parlait déjà et avait interprété quelques extraits). Il est déjà dans les bacs de nos amis américains et le 29 juin dans nos contrées. Le moins que l’on puisse dire est que cet album divise les fans du rappeur. Je ne serai pas aussi énervé que mon compère Soul Brotha sur ce nouvel album, ni dithyrambique en criant an retour du génie. Mos a clairement élevé le niveau par rapport à son déplorable dernier projet en date (« Tru3 Magic »). On trouve dans l’album une certaine cohérence, de bonnes productions et des univers variés et intéressants. « Casa Bey » fait parti des titres marquants de l’année, groovy à souhait avec l’impressionnante prestance de Mos au micro.

Certains autres titres ressortent du lot ; je pense à l’impeccable piano + featuring de Georgia Anne Muldrow sur « Roses » (produit justement par la rappeuse du crew Stones Throw), aux retrouvailles du duo Black Star avec Talib Kweli « sur « History » (produit par le regretté J Dilla), aux violons sur « Auditorium » accompagné de Slick Rick, au spokenword rythmé de « Quiet dog bites hard » et à l’instru futuriste et inquiètante de « Life in marvelous times » (sample du frenchy Mr Flash d’Ed banger). Alors pourquoi ne pas élever ma voix plus fort que toute la blogosphère réunie pour dire que le nouveau Mos Def est absolument fabuleux ?

En fouillant pour mes recherches sur l’album, je suis tombé sur ce billet du blog de Stones Throw. On y apprend que de nombreuses instrus sont tirées d’anciens projets du label (Madlib, Oh No et J Dilla). Cette fâcheuse impression de réchauffé (ou de copier-coller au choix) laisse forcément un goût amer … même si les instrumentaux utilisés sont bons. J’aurai préféré voir Madlib se poser en studio avec Mos et construire vraiment un concept fumeux et mystique (dont il a le secret). Au lieu de ça, on n’a le droit qu’à deux, trois récup (de « Beat Konducta in India » et des remixes de Madvillainy) ainsi que deux morceaux inédits mais plutôt boiteux (« Wahid » et « Pretty dancer »). Clairement, ce genre de suffisance pour un rappeur de la trempe de Mos Def déçoit.
Finalement, le principal défaut de cet album est qu’il n’est pas « Black on both sides ». J’exagère volontairement en disant cela car faire un « Black on both sides » bis ne sera pas non plus une bonne idée. Quitte à passer pour un étroit d’esprit malgré cette volonté d’ouverture appréciable de Mos Def, j’ai été profondément marqué par son premier album. Il fait parti des bases de ma vision du hip hop et de la musique en général et je ne cesserai de comparer les opus de Mos Def à cette référence ultime. En dehors de cet avis mitigé purement personnel, je ne peux m’empêcher de vous recommander d’écouter « The Ecstatic ». On peut néanmoins le ranger dans les bonnes sorties hip hop du moment. La bonne prestation live du morceau « Quiet dog bites hard », durant le show TV de David Letterman, vient d’ailleurs appuyer les qualités de l’album.
L’album est en écoute sur le lien ci-dessous :

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