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MF Doom @ Elysée Montmartre (03/03/10)

Daniel Dumile plus connu sous le nom de MF Doom est un personnage à part dans le monde du hip hop. Activiste aux multiples alias (Zev Luv X, King Geedorah, Viktor Vaughn, Metal Fingers, …), l’homme a prouvé en 20 ans d’activité que l’indie hip hop était son royaume. Ses rimes et ses productions gorgées de THC ont fait de certains de ses albums (« Operation Doomsday », « Madvillainy » avec Madlib, « The Mouse & The Mask avec Danger Mouse) des légendes de l’underground. Ajoutons à sa discographie hors norme un sombre goût de polémique sur les prestations scèniques du rappeur (concerts d’usurpateurs organisés par des promoteurs véreux). Vous comprenez mieux pourquoi la pression était palpable à l’Elysée Montmartre mercredi soir pour sa venue à Paris.

Le concert démarre avec une première partie mélangeant le hip hop et les films d’horreur : Mister Modo & Ugly Mac Beer, deux beatmakers français accompagnés du rappeur américain Mike Ladd. Les deux compères nous proposent un set surprenant sur fond de violents beats inspirés par l’ambiance Anticon mixé sur un vidéo mélangeant des films d’horreur des années 70. Mike Ladd vient poser son bon flow sur les instrus accompagné d’un type déguisé en serial killer (aussi ridicule que celui dans la Cité de la Peur ?!). Le public n’a que Doom en tête et réagit peu à la première partie finalement. Après une demi-heure, ils laissent l’audience prête à accueillir l’homme masqué … malheureusement, la scène reste vide pendant 1h.

MF Doom (avec deux acolytes) arrive sur la scène dans l’euphorie générale. Une question ne cesse de me traverser l’esprit pendant les premières minutes du show : est-ce bien lui derrière le masque de Gladiator ? Après deux, trois chansons, on reconnaît son flow si particulier et on balaye vite l’idée d’une supercherie. Sorti de ces considérations, je constate ensuite que les balances ont dû être expédiées rapidement car les basses sont beaucoup trop présentes et ôtent toute la magie des prods de Doom, Madlib ou Danger Mouse (entre autre). Il n’empêche que, malgré la voix un peu recouverte par les basses, Doom brille par son flow et sa façon si personnelle d’enchaîner les rimes (« I sold rhymes like dimes »). Sur scène, MF Doom donne l’impression de cultiver cette schizophrénie qui lui colle à la peau. Son charisme suscité par son talent de rimeur s’oppose à sa nonchalance sur scène. En effet, il bouge peu, joue peu avec le public (hormis pour demander à ce qu’on lui passe de la weed) et n’a pas la fougue d’un Q-Tip, explosif en live (pour rappel, il avait envouté cette même scène de l’Elysée Montmartre un an plus tôt). Il enchaîne néanmoins tout son répertoire en jonglant entre « Madvillainy », Operation Doomsday » et son dernier album « Born like this ». Au bout de 40 min, il quitte la scène sous les yeux d’un public surpris par ce départ précipité. Après 3 mini rappels (dont le magique « Figaro » sur « Madvillainy »), il part et laisse le public parisien sur sa faim. Une petite heure de show est beaucoup trop court pour un artiste de la trempe de Doom ; la déception gronde dans la salle !

Que retenir finalement de ce concert ? Je suis heureux d’avoir vu cette légende sur scène ; partager avec lui « All Caps », « Rhymes like dimes » ou « Figaro » restera un bon souvenir. Cependant, sa prestance scénique limitée et son foutage de gueule sur la durée de son show sont loin d’avoir comblé l’attente que je portais sur ce concert. En sortant de la salle, je me suis tout simplement demandé si MF Doom est fait pour la scène et surtout s’il aime se livrer au public … la réponse est peut être non !! Je vous laisse avec un bon extrait du live où MF Doom interprète deux titres de Madvillain l’un après l’autre, « All Caps » et « Monkey Suite ».

Merci à Ouilyame de Suprême Météorite qui m’a fourni les photos qui illustrent l’article.

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