Alice Lewis – Interview

Alice Lewis a sorti un premier album « No one knows we’re here » chroniqué ici. Elle nous en dit un peu plus sur cet album, sur elle, sa vie, ses goûts en répondant aux questions de la JuBox. Alice Lewis, l’interview….Action!

Ton album est sorti il y a quelques semaines. Quel est ton sentiment, ton feeling aujourd’hui par rapport cette sortie ? Comment te sens-tu ?

Assez contente et excitée, d’autant plus qu’on est parti en tournée avec pas mal de dates (Tourcoing, Paris, Angers, Le Havre, Rennes, Nantes …). On a eu par ailleurs de très bons retours de la presse, elle nous booste bien le moral avec les récentes bonnes critiques.

Alice Lewis, référence aux pays des merveilles ?

Alice Lewis fait référence à Lewis Carroll. (Pour info, oui je m’appelle vraiment Alice !) J’ai choisi un pseudo car je ne voulais pas porter mon vrai nom comme nom d’artiste, je ne souhaitais pas trimballer mon histoire, ma vie, mais plutôt créer autre chose. Avec ma sœur, on cherchait donc un nom de scène. Le premier texte que j’ai adapté en chanson était un texte de Lewis Carroll paru dans Alice aux Pays des Merveilles, « The Long Tale », la longue histoire ou la longue queue de la souris qui raconte une histoire à Alice et la chanson commence par un ronronnement de chat car la souris dit qu’elle va se faire bouffer par le chat…enfin bref, ma sœur a bien aimé cette chanson et donc Alice Lewis CQFD !

No one knows we’re here, une sorte de rêve éveillé ?

Oui, effectivement, souvent mes textes sont des histoires fictionnelles, avec une ambiance très picturale, je visualise des images quand j’écris et compose, quand je trouve un accord, j’associe une image, je vois certaines couleurs, une scène. Comme dans le morceau Hiding Underwater narrant l’histoire d’une fille qui coule au fond de l’eau avec tous les téléphones portables du monde et qui gobe les messages. Je l’ai écrite car au moment de composer, mon téléphone n’arrêtait pas de sonner et je voulais le jeter par la fenêtre !…

Qu’est-ce qui t’a inspiré pour l’écriture et la composition de cet album ?

Certaines chansons évoquent des choses qui me sont arrivées et que j’ai voulues transformer en fictions. Quand il m’arrive des trucs particuliers, je les transforme en chanson et ils deviennent plus cools. Je m’inspire aussi d’histoires, de livres. Par exemple, pour le titre Celian’s Complain, je me suis inspirée d’un livre intitulé « L ‘Eve Future « de Villiers de L’Isle-Adam. C’est l’histoire d’un Lord Anglais qui va voir son ami Thomas Edison (le célébre inventeur), et qui lui exprime son désir de suicide car fou amoureux d’une femme qui est son idéal féminin mais trop superficielle. Edison propose de lui créer une sorte de « replicant » (comme dans Blade Runner), une femme créée de toute pièce, une femme ressemblant à son idéal féminin, un double, mais avec un esprit plus « développée ». La chanson est sur l’idéal qui en fait n’existe pas vraiment. Celian’s Complain évoque finalement ce refus du Lord de ne pas perdre son idéal. Sur ce point, je me mets de son côté car les idéaux et utopies t’aident à avancer, te donnent envie de créer des trucs impossibles.

Sinon, un jour je me suis faite larguer par un mec, j’avais le cœur brisé et j’ai commencé à créer des gammes pentatoniques ce qui a donné le morceau To The Magical Moutain, une chanson chinoise qui raconte l’histoire du fantôme d’une femme abandonnée par son amour et rêvant d’aller à la montagne magique pour y aller enterrer son sentiment amoureux en espérant qu’il refleurira. Bon, en gros, écrire une chanson, c’est comment transformer des trucs chiants en trucs cools (rires).

Tu as des idéaux, une utopie ?

Je pense que ça ne sert à rien d’y répondre car de toute façon on ne les atteint jamais. Les idéaux sont des outils qui servent à avancer. En parlant d’utopie, si j’avais su ce que cela représentait de produire un disque, je ne l’aurais jamais fait. Une expérience à la fois longue, difficile mais démente. Une sorte d’utopie qui m’a permis d’avancer dans la musique. Je préfère te parler de cet aspect mais pas de mes utopies, ce n’est pas le plus important.

Quand tu composes un morceau, par quoi commences-tu pour créer ?

C’est différent à chaque fois, à chaque morceau. Je commence parfois par composer des accords, puis j’entends ensuite la mélodie complète dans ma tête. Ou parfois je me mets à écrire en ayant des idées de texte. Il ne faut en fait penser à rien, avoir la tête super libre et se mettre à composer au clavier, t’écoutes les accords et tu vois ensuite les couleurs que ça te donne, les paysages que ça t’inspire. Finalement, ça se passe souvent comme ça.

Peux-tu nous faire un résumé de ton background musical, ta carrière, comment en es-tu venue à la musique et jusqu’à ce premier album ?

J’ai effectué mes études à l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts de Cergy, une école pluridisciplinaire. J’ai suivi des cours de sculpture et dessins. Puis je me suis mis à travailler sur le son. J’ai commencé à chantonner à tue-tête dans les couloirs de l’école, et comme l’architecture de l’école permettait un bon écho, ma prof de dessins m’a entendu et m’a demandé si je ne voulais pas me mettre au chant. Je lui ai d’abord répondu que ce n’était pas trop mon truc puis elle m’a demandé de lui écrire deux chansons pour le prochain cours. Ce que j’ai finalement fait en lui écrivant « The long tale », le texte de Lewis Carroll. Après l’école de Cergy, je suis allée dans une école de musique où j’ai appris les bases d’harmonie et de solfèges rythmiques, ce qui m’a bien aidé. J’ai également appris la flûte à bec, au collège, comme tout le monde !

Quelles sont les collaborations sur l’album ? Ingé son, producteur, artistes, musiciens etc.

L’album a été réalisé par Ian Caple. Des amis me l’ont conseillé, notamment le guitariste Maxime Delpierre du groupe Viva and The Diva, travaillant aussi sur le projet Limousine. J’ai travaillé également avec Laurent Bardainne de Poni Hoax. On se connaît tous depuis longtemps, on a commencé à faire des jams ensemble dans un club de Jazz à Barbès, fermé depuis. On retrouve aussi Steve Arguelles, l’ancien batteur de Katerine, Emiliano Turi (a joué avec Eiffel) qui joue de la caisse claire sur un des titres.

Où a été enregistré l’album ?

Ian Caple est venu à Paris récupérer mes maquettes, et nous avons enregistré quelques jours dans le studio de Steve. J’y ai joué tous les synthés, de la flûte à bec et un peu de guitare. Ensuite nous sommes partis dans le studio de Ian en Angleterre, dans le Sussex, à côté de Brighton. On y a enregistré les guitares avec le quatuor à cordes des Tindersticks et les drums avec Martin Barker, batteur incroyable qui a notamment travaillé avec Marianne Faithfull. J’ai par ailleurs mon home studio. J’enregistre mes maquettes à la maison. Mais j’essaie de ne pas trop en abuser.

Penses-tu à la scène quand tu composes ?

Non pas vraiment. En fait j’écris les morceaux d’une certaine manière puis je les réadapte pour la scène et parfois je récupère ces réadaptations pour en faire les versions finales de mes chansons. C’est plus intéressant de devoir réadapter les morceaux pour la scène.

Comment tu te sens sur scène sachant que tu joues seule ?

Je me sens de moins en moins timide. J’ai travaillé dessus à force de tournée et j’ai une facilité à raconter des conneries pour détendre l’atmosphère (rires). Maintenant je parle un petit peu moins car j’ai plus d’assurance mais je garde toujours un très bon contact avec le public.

Les médias aiment faire référence à d’autres artistes en parlant d’un artiste. Aimes-tu qu’on te compare à d’autres personnes ? Émilie Simon par exemple, qu’en penses-tu de cette comparaison ?

Les gens disent ce qu’ils veulent, ça ne me dérange pas du tout. Concernant Emilie Simon, on sent qu’elle effectue une recherche sonore assez intéressante dans tous ses disques mais personnellement je trouve ça trop maniéré, trop enfantin, ce n’est pas du tout mon goût et elle n’est pas une source d’inspiration pour moi.

J’aimerais te comparer au groupe Au revoir Simone, qu’en penses-tu ?

J’aime bien ce groupe, cette comparaison me paraît plus justifiée notamment dans le timbre de la voix. J’adore leur manière de chanter très droite. Parfois elles font des sortes de montées bizarres et des accords étranges assez orgasmiques que j’apprécie. Je suis nettement plus fan d’Au Revoir Simone que d’Emilie Simon ! (Simone Simon Rires)

Le fait de chanter en anglais te permet-il de rayonner à l’international ?

J’espère bien (rires) ! Non je ne sais pas encore. En fait, on ne peut pas faire une promo dans plusieurs pays à la fois. Pour le moment on fait la promo en France et en Europe puis on va travailler la promo web aux US. J’espère effectuer une tournée internationale. Par ailleurs mon album a été produit par un producteur anglais renommé qui s’est occupé de Tricky, Tindertsticks, Bashung, ce qui pourrait aider.

Sinon j’ai choisi l’anglais car j’ai grandi en Angleterre. Je lis pas mal en anglais et j’étais dans un groupe de jazz où je chantais en anglais. J’ai appris à réaliser mon son en anglais, je maîtrise bien les phonèmes de la langue de Shakespeare. Je sais mieux phraser en anglais et l’écriture est plus simple. En français, quand tu écris, tu te tournes automatiquement vers quelque chose de plus littéraire, plus structuré, alors que l’anglais est plus modulable.

Tes groupes, chanteurs préférés ?

En ce moment j’écoute en boucle le dernier Katerine. Sinon pas mal de Bowie, Divine Comedy, le dernier Gorillaz, Alan Parson’s Project.

Et coup de cœur pour le Staff Benda Bilili ! J’ai vu le film, j’ai adoré, un des meilleurs films que j’ai vus dernièrement! J’aime le hiphop électro, j’aime Afrikaa Bambata, j’aime bien l’électro, Kraftwerk, la minimale, certains DJs comme Joachim, Chloe… En fait j’aime tout ! (rires)

Prépares-tu déjà d’autres projets artistiques, musicaux ou autres ?

Je vais me remettre à dessiner !

Les derniers mots pour nos lecteurs…

N’hésitez pas à acheter des disques car si vous n’achetez pas, les artistes seront virés de leur label ! (rires). Et soyez curieux !

Merci !

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